Hyperlactation, REF, RED

Si la crainte de ne pas pouvoir produire assez de lait pour nourrir le bébé est bien présente, on s’imagine rarement, qu’à l’inverse, produire trop de lait puisse devenir un problème.

Pourtant l’hyperproduction lactée, ou hyperlactation est une situation fréquente qui peut être difficile à vivre, car elle est la source de nombreuses complications (engorgement, mastite, voire abcès à répétition) et est également gênante pour le bébé : il prend du poids de manière vertigineuse, il régurgite beaucoup et son système digestif est mis à rude épreuve par cette abondance de lait, avec des selles explosives à chaque tétée (celles qui donnent envie de tout rincer à grand jet dans la baignoire) et des pleurs d’inconfort entre les tétées. 

Une fois le diagnostic posé, il existe des méthodes pour réguler la production de lait qui repose sur le drainage complet du sein, suivi d’un blocage de la production de lait.

Schématiquement c’est un peu plus simple que ça en a l’air :

    1. Le traitement débute le premier jour par un drainage aussi complet que possible des 2 seins, on recommande pour ça l’utilisation d’un tire-lait électrique, double pompage.
    2. Une fois le recueil terminé, l’enfant est mis au sein et on lui propose les 2 seins.
    3. Le reste de la journée sera divisé en tranches horaires, de 3h pour commencer. Durant chaque période de 3h les tétées se feront toujours sur le même sein, puis ce sera au tour de l’autre sein une fois les 3h terminées, et ainsi de suite.
    4. La durée de chaque tranche pourra être augmentée progressivement, à 4, 6, 8 voire 12 heures. C’est à chaque maman de trouver la durée qui lui convient et qui correspondra à un bébé plus apaisé et à une tension moins forte dans les seins.


⚬ Au départ la prise en charge est source d’inconfort car le sein qui n’est pas drainé peut devenir douloureux, il sera alors possible de vider un peu le sein sous la douche ou avec la technique du verre d’eau quand ce n’est pas à son tour d’être tété.

⚬ Il faudra éviter au maximum de comprimer les seins pour ne pas aggraver le risque de complications. Les alternatives à base de sauges n'ont pas prouvé leur efficacité. En fonction des besoins de la maman, ça pourra aussi être l’occasion d’introduire une contraception à base d’œstrogènes, dont le principal effet indésirable est de diminuer la production de lait, ce qui, dans notre cas, est un effet plutôt désirable.

⚬ Certaines femmes peuvent progressivement revenir à un rythme de tétée plus régulier sur les deux seins, mais pour d’autres, chaque tentative de diminuer les tranches horaires va s’accompagner d’une récidive des symptômes.

Ce n’est pas grave, si le bébé ne tète qu’un seul sein pendant 12h et que la production de lait se maintient il n’y a aucune nécessité de tout changer pour lui donner absolument les deux seins.

Le REF peut s'associer ou non à une hyperlactation

Parfois, il est possible que le lait coule trop rapidement et avec une pression trop importante au début de la tétée : c’est ce que l’on appelle le réflexe d’éjection fort (REF).

⚬ Cela peut être gênant pour le bébé qui va avoir du mal à tolérer cet afflux de lait brusque dans sa bouche. Il peut tousser, avoir le hoquet, on peut même observer un trop plein de lait qui sort par les côtés de sa bouche. 

⚬ Classiquement il s’agit d’un bébé qui va s’agiter quand on le met au sein, le lâcher, le reprendre, et s’énerver. Parfois cela peut même aller jusqu’à un refus total du sein. 

⚬ Dans certains cas le bébé va développer une parade qui est de pincer le mamelon pour faire diminuer le débit de lait. 

⚬ Il existe quelques solutions simples pour limiter le phénomène : 

    1. Le flux de lait est maximal au tout début de la tétée, sur la première éjection, c’est pourquoi on conseille de laisser passer cette 1ère éjection avant de proposer le sein au bébé. 
    2. On proposera intuitivement d’allaiter dans les positions les plus horizontales possibles, à plat-dos, ainsi le flux devra lutter plus fortement contre la gravité, il sera diminué. 
    3. Dans certains cas on pourra utiliser des protèges mamelons en silicone ou bout-de-seins qui, en plus de protéger les lésions des mamelons, vont permettre de réguler le débit de lait.

Il existe une dernière entité moins connue, lié au reflexe d’éjection du lait où les mères ressentent toujours un afflux d’émotions négatives, des bouffées d’angoisse ou de dépression sans raison apparente au moment des tétées : il s’agit du réflexe d’éjection dysphorique (RED).

Le réflexe d'éjection dysphorique n'est pas volontaire mais peut se reprogrammer

⚬ Il se produit dès que le réflexe d’éjection est stimulé : au sein, au tire-lait, lors de l’expression manuelle, et peut revenir plusieurs fois au cours d’une même tétée si plusieurs éjections se produisent. 

⚬ Il dure quelques minutes mais peut suffire à générer beaucoup d’incompréhension et faire de l’allaitement une expérience désagréable. 

⚬ Le mécanisme sous-jacent est hormonal : l’ocytocine libérée pendant la tétée n’a pas son effet habituel d’apaisement et de bien-être mais au contraire entraine un mécanisme de réaction-défense

⚬ En effet l’ocytocine est l'hormone du parentage, elle aide les mamans à protéger leur enfant, en déclenchant des comportements d’alerte, d’agression ou de fuite, qui devraient se déclencher uniquement en cas de danger objectif. 

⚬ Pour corriger cette mauvaise interprétation du signal il est possible de : 

    1. Bien retenir que ce n’est pas dangereux, ce n’est pas un signe de manque d’amour, et beaucoup de mères y sont confrontées, 
    2. Reprogrammer son circuit en augmentant le sentiment de sécurité au maximum avant chaque tétée : relaxation, peau-à-peau avec bébé, massages, réalisation d’un îlot d’allaitement qui sera une véritable bulle de confort, 
    3. Se distraire au moment du réflexe d’éjection on écoutant de la musique, en regardant la télé, en discutant avec quelqu’un.


D’autres techniques pourraient également fonctionner, comme l'acupuncture, ou la sophrologie…c’est aussi l’occasion de prendre soin de soi !