Prendre des traitements pendant la grossesse et pendant l’allaitement est une situation stressante mais fréquente car il s’agit d’une période longue durant laquelle beaucoup de choses peuvent arriver.
Par manque d’informations on utilise le principe de précaution au risque de sous-traiter la femme, ou de contre-indiquer temporairement l’allaitement, ce qui est un facteur de risque de sevrage précoce.
En réalité beaucoup de médicaments passent dans le lait maternel mais très peu vont avoir un effet sur le bébé :
⚬ On réfléchit au cas par cas, la situation va dépendre de la mère, de son nouveau-né, et des modalités d’allaitement.
⚬ La première chose à faire est de déterminer si le médicament est vraiment nécessaire, ou si on peut utiliser une autre méthode non médicamenteuse à la place.
⚬ L’idéal c’est de pouvoir anticiper au maximum quand on sait que la prise d’un traitement va être nécessaire et de demander en amont l’avis d’un spécialiste.
⚬ Il faut éviter au maximum l’automédication et se méfier des médicaments en vente libre en pharmacie, ainsi que des associations de molécules (certains traitements ont des formules combinées et sont en fait plusieurs médicaments en un).
Quand un traitement est nécessaire il faut le prendre et à la bonne dose, car en diminuant les doses on ne diminue pas le risque !
Au contraire, on risque ne pas être efficace sur la maladie, on en diminue donc les bénéfices attendus tout en gardant les risques.
Ce n’est pas parce qu’un médicament est compatible avec la grossesse qu’il l’est avec l’allaitement, et inversement
⚬ Certains médicaments peuvent cependant se prendre sans risque et sans surveillance particulière pour le bébé : c’est le cas du PARACETAMOL et de l’IBUPROFENE pour les douleurs.
⚬ Les anti-allergiques (CETIRIZINE) s’utilisent sans danger mais il faut éviter d’utiliser des spécialités qui contiennent en plus des vasoconstricteurs, car ils peuvent avoir un impact négatif sur l’allaitement en diminuant la production de lait.
⚬ La plupart des antibiotiques peuvent être utilisés pendant l’allaitement, en particulier ceux de la classe des pénicillines (AMOXICILLINE, AUGMENTIN).
⚬ En cas d’intervention minime ou d’examens médicaux les anesthésiques locaux et les produits de contraste en imagerie courante sont sans danger sur l’allaitement, il n’y a pas de mesure particulière à prendre.
⚬ Les vaccins sont également utilisables, en dehors de certains vaccins dit « vivants », comme celui de la fièvre jaune, qui contiennent l’agent pathogène et qui peut être transmis au bébé. Il n’y pas de passage infectieux dans le lait pour les autres vaccins ou pour les vaccins à ARN.
Concernant la contraception, elle est parfaitement utilisable pendant l’allaitement, même si souvent moins urgente que quand le bébé est nourri au lait artificiel.
II faut distinguer les méthodes de contraception non hormonales et les méthodes hormonales
En effet les pics de Prolactine lors des tétées vont bloquer l’ovulation, mais c’est un effet transitoire, souvent les ovulations vont reprendre entre le 4ème et le 6ème mois suivant l’accouchement, et avec, la possibilité de tomber de nouveau enceinte.
Les méthodes non hormonales comprennent les préservatifs et les spermicides qui sont utilisables sans délai particulier et d’autres méthodes, comme les diaphragmes et le stérilet au cuivre, qui ne peuvent pas être utilisées tout de suite, le temps que l’utérus et la cavité vaginale retrouvent leur forme d’avant la grossesse (en général au bout de 4 à 6 semaines).
Parmi les méthodes hormonales, l’implant, le stérilet hormonal et certaines pilules qui contiennent un seul type d’hormone, la Progestérone peuvent être utilisés couramment pendant l’allaitement. On conseille de respecter un délai d’au moins 4 semaines avant de les débuter, le temps que la lactation s’installe.
L’autre type de pilule est une forme combinée de 2 hormones : la Progestérone et les Œstrogènes. Elle n’est pas adaptée à la période du post-partum car trop à risque d’événements indésirables. Dans tous les cas elle ne doit pas être utilisée dans les 6 premières semaines qui suivent l’accouchement. De plus elle a un effet négatif sur la production de lait et n’est donc pas très adaptée en cas d’allaitement.
Quand elle est utilisée il est conseillé de bien surveiller la prise du poids du bébé durant les premières semaines de son utilisation pour s’assurer qu’elle n’impacte pas sur la lactation.
Les méthodes dites naturelles, comme l’étude des courbes de température ou de la glaire cervicale sont moins précises et peu adaptées au post-partum et à l’allaitement avec toutes les modifications hormonales qui l’accompagnent.
La MAMA est une alternative relativement sûre à condition de respecter certains critères :
Le taux de grossesse est alors inférieur à 2% mais là encore elle ne peut être utilisée que pendant 6 mois, après il vaut mieux réfléchir un autre moyen plus sûr.
La meilleure contraception reste celle que l’on choisit, toutes les méthodes ont des avantages et des inconvénients, il faut retenir que la mise en place d’une contraception, si elle ne doit pas être complètement oubliée n’est pas une urgence au cours du séjour en maternité et on pourra s’offrir un temps de réflexion le temps d’attendre la visite post-natale.