Pendant l’allaitement, certaines inflammations du sein, les mastites, parfois aussi appelées lymphangites peuvent causer des douleurs.
Elles sont assez courantes puisqu’on estime qu’environ 1 femme sur 4 en souffrira :
⚬ Comme pour les douleurs des mamelons elles peuvent entrainer une diminution de la production de lait et un sevrage précoce non désiré.
⚬ Elles se déclarent principalement durant le premier mois de l’allaitement.
⚬ Elles sont liées à un dérèglement transitoire du microbiote lacté (Cf. Composition du lait) qui peut être en lien avec un engorgement.
⚬ Comme toutes les pathologies inflammatoires elles se caractérisent par la triade typique : une plaque rouge, chaude et douloureuse.
⚬ À la différence de l’engorgement il n’y a généralement qu’un seul sein qui est atteint, sur une portion localisée.
⚬ Une mastite peut s’accompagner de signes plus généraux, comme de la fièvre, des frissons, des courbatures, et surtout une fatigue très importante.
Les mastites sont liées à un déséquilibre de la flore du lait, et non pas à une infection, c’est pour cela que le traitement ne repose pas sur les antibiotiques (85% des mastites vont guérir sans avoir recours à une antibiothérapie).
Le repos est une composante importante de la prise en charge.
⚬ L’inflammation des tissus va entrainer un gonflement et appuyer sur les canaux qui transportent le lait, ce qui va les boucher et empêcher le lait de sortir.
⚬ Le traitement repose sur le drainage du sein : des tétées fréquentes et non restreintes pour essayer de déboucher les canaux atteints.
⚬ Il est même possible de s’aider de techniques comme l’expression manuelle ou l’utilisation d’un tire lait.
⚬ Les anti-inflammatoires vont avoir une place importante sur une période courte, de 3-4 jours, jusqu’à ce que l’inflammation régresse.
⚬ L’utilisation de paracétamol, l’application de chaud et de massages doux sur la zone dure et douloureuse avant la tétée, puis de froid une fois la tétée terminée, permettent de soulager les douleurs en attendant la résolution du problème.
⚬ Il faut éviter toutes les compressions du sein, comme le port de vêtements trop serrés qui vont augmenter à la fois les douleurs et la compression des canaux.
⚬ Si les canaux restent bouchés, le lait qui ne peut pas sortir constitue un milieu propice à la prolifération de bactéries qui pourront dans certains cas entrainer une véritable infection : un abcès.
⚬ On retrouve alors une masse douloureuse, une boule ferme palpable au niveau de la plaque inflammatoire, qui peut, au bout d’un certain temps, s’ouvrir au niveau de la peau.
⚬ On associe alors un traitement par antibiotiques et une ponction du contenu de l’abcès sous anesthésie locale.
⚬ On combine la prise en charge avec celle de la mastite, le but étant de drainer correctement et fréquemment le sein.
Dans de rares cas on retrouve du pus dans le lait, qu’il faudra alors extraire et jeter en attendant la guérison. Mais l’allaitement au sein est toujours possible du l’autre côté, là où le sein va bien.
Quand l’abcès est très volumineux il est possible d’avoir recours à des techniques chirurgicales un peu plus invasives, qui nécessitent une courte hospitalisation.
Tant qu’il n’y a pas d’infection il n’y a pas de nécessité de jeter le lait, il est toujours bon pour le bébé
La mastite est donc un phénomène fréquent, en général très limité sur le sein et passe rapidement avec un traitement adapté et une extraction du lait efficace et régulière.
Elle se complique exceptionnellement d’un abcès, qui est probablement l’incident le plus redouté au cours de l’allaitement. Pourtant s’il est pris en charge tôt le traitement sera efficace rapidement, peu invasif et avec de faible risque de séquelle sur l’aspect du sein ou sur la production de lait.
La cicatrisation définitive est cependant longue, il faut en être informé pour s’armer de patience et ne pas hésiter à s’assurer d’un bon soutien de la part de ses proches et des soignants qui nous accompagnent.