douleurs et crevasses

L’allaitement n’est pas toujours un long fleuve tranquille, parfois des douleurs surviennent, elles sont souvent méconnues et sont pourtant responsables de près de la moitié des arrêts précoces non désirés de l’allaitement.

La localisation précise des douleurs n’est pas toujours simple mais schématiquement on va distinguer les douleurs aréolo-mamelonaire (du mamelon et de l’aréole) et les douleurs du sein :

⚬ Les douleurs profondes du sein sont généralement liées aux complications inflammatoires comme les mastites, les abcès, ou encore les engorgements. Il faut aussi se méfier des douleurs musculaires, liées à de mauvaises positions.
⚬ Au niveau des mamelons, il existe une sensibilité particulière liée au nombre de récepteurs nerveux. Les douleurs sont très fréquentes au démarrage, plus de 80% des femmes ont des douleurs les premiers jours, elles durent 3 à 5 jours, ensuite elles diminuent car la peau se modifie et devient moins sensible.

Parfois les douleurs s’accompagnent de petites lésions superficielles, les crevasses, qui vont participer à rendre la peau plus résistante.

Pour favoriser la cicatrisation on recommande une hygiène simple, avec un nettoyage quotidien à l’eau et au savon, suivi d’un séchage minutieux mais doux pour ne pas aggraver les lésions.

Il faut trouver le juste équilibre pour hydrater mais éviter les phénomènes de macérations

⚬ Pour hydrater il existe plusieurs types de produits : la lanoline, la vaseline, le lait maternel, et le miel médical. Ils sont à appliquer après le lavage et après chaque tétée. On conseille ensuite de laisser sécher à l’air libre au maximum pour éviter les frottements liés aux vêtements (il est aussi possible de porter des coques d’allaitement)

 ⚬ Il existe de nombreuses autres crèmes en pharmacie et parapharmacie, il faut être attentif à leur composition : éviter les ingrédients trop nombreux et irritants comme les parfums ou les alcools et dans tous les cas éviter les crèmes qu’il faudra enlever avant la tétée qui risquent d’aggraver les frottements et donc les lésions.

⚬ Parfois si les douleurs sont trop importantes ou si le mamelon est trop abîmé on peut avoir recours à des protège-mamelons ou « bouts de sein » en silicone, ils peuvent être utilisés temporairement le temps de la cicatrisation, ou plus longtemps si l’allaitement fonctionne bien avec et qu’ils soulagent les douleurs (Cf. Le Matériel).

Si les douleurs de démarrage sont normales elles peuvent être correctement soulagées, et si elles durent plus de 10 jours il ne faut pas hésiter à demander de l’aide.

La cause principale des douleurs persistantes est un positionnement non optimal au sein lors de la tétée, c’est la première cause à rechercher, et celle qu’il faut toujours corriger, pour éviter d’autres complications.


⚬ Parmi les autres causes de douleurs, on retrouve les infections, avec de nombreux germes impliqués, en général présents normalement sur la peau, et dans la bouche du bébé : en premier ce sont les bactéries, en particulier les staphylocoques dorés, parfois on peut retrouver des virus comme l’herpès, enfin il peut s’agir de champignons comme le candida albicans, responsable des mycoses courantes.

Attention la candidose est souvent un peu trop diagnostiquée alors qu’elle n’est responsable que d’une minorité des infections et des douleurs des mamelons.

⚬ On peut également observer des maladies de peau plus classiques au niveau des mamelon comme de l’eczéma, de l’urticaire ou des plaques de psoriasis.

⚬ Enfin des douleurs et des lésions du mamelon peuvent s’observer en cas d’anomalie de la succion du bébé : si ce dernier tète trop fort, s’il est limité au niveau de ces mouvements par un torticolis ou une asymétrie de la mâchoire, ou s’il a une anomalie de mobilité de la langue, qualifiée en général de frein de langue court.


Le frein de langue est une structure anatomique normale, avec de nombreuses variations possibles d’un individu à l’autre, il peut être responsable, s’il est très court, d’une gêne aux mouvements de la langue.

Ces anomalies sont souvent surdiagnostiquées comme causes principales des difficultés d’allaitement donnant lieu à des dérives de traitement. Il s’agit d’une pathologie réelle, mais qui n’occasionne en réalité que rarement des difficultés car la langue du bébé ne joue qu’un rôle très minime dans les mécanismes de succion (Cf. Est-ce qu’il tète bien ?).

Parfois la situation n’est pas améliorée par un geste chirurgical car les difficultés venaient en réalité d’ailleurs, et la section du frein de langue peut même aggraver les problèmes existants en entrainant de la fibrose et des troubles de l’oralité.

Il est à noter par ailleurs que toutes ces difficultés de succion sont en partie, voire en totalité, corrigées par un repositionnement plus approprié au sein.

Beaucoup de causes sont très médiatisées, souvent avec un intérêt monétaire derrière car elles appellent à des actes thérapeutiques supplémentaires, mais elles ne sont responsables que d’une minorité des douleurs d’allaitement.

Beaucoup de causes sont très médiatisées, souvent avec un intérêt monétaire à la clé

La cause principale reste le positionnement non optimal au sein lors de la tétée, il faut le rechercher, et toujours le corriger, peu importe qu’une autre pathologie vienne se surajouter ou non. 

 L’allaitement maternel, pour être efficace, doit être confortable : c’est-à-dire indolore, et doit rester un moment de plaisir, pour bébé comme pour maman.