Il existe de nombreuses situations où une mère est amenée à recueillir son lait : séparation avec bébé, reprise du travail, pour augmenter sa production ou en raison d’un choix de tire-allaitement.
Il y a alors beaucoup de possibilités pour choisir sa méthode :
⚬ La technique la plus utilisée dans le monde est l’expression manuelle : efficace rapidement, elle ne nécessite pas de matériel. C’est la technique de choix pour recueillir le colostrum, désengorger le sein, et recueillir du lait de manière ponctuelle. Mais elle n’est pas adaptée pour recueillir de grands volumes de lait.
⚬ Si on souhaite recueillir fréquemment er régulièrement des quantités importantes de lait, on s’orientera vers l’utilisation d’un tire-lait.
⚬ La première chose à retenir c’est que, à l’instar de l’allaitement, le tire-lait doit être efficace et confortable, il doit donc être facile à utiliser, et surtout facile à nettoyer.
⚬ Les tire-laits manuels sont en général plus petits, légers et maniables que les tire-laits électriques, avec un aspect plus moderne. Ils permettent de contrôler l’intensité, la vitesse et la durée de la séance manuellement, mais, pour la plupart, ils sont en simple pompage, c’est-à-dire qu’ils ne permettent d’extraire du lait que d’un sein à la fois.
⚬ Tirer son lait en double pompage, des deux cotés en même temps, n’est pas une obligation, mais la stimulation bilatérale apporte un avantage en termes de volume de lait et de temps.
⚬ Il faut savoir qu’un tire-lait en double pompage peut être réglé à tout moment en simple pompage !
⚬ En termes de volume de lait recueilli, le tire-lait électrique est supérieur aux autres techniques. Il permet de recueillir des quantités de lait plus importantes, de manière confortable et rapide. Ces tire-laits sont par contre plus bruyants et plus encombrants.
⚬ Il en existe des mono- ou des biphasiques en fonction de la stimulation programmée : les monophasiques stimulent de la même manière tout le long de la séance, seule l’intensité (la force de tirage) est réglable, alors que les tire-laits biphasiques sont plus proches de la physiologie, ils vont tirer vite et plus légèrement au début, puis, quand le lait commence à couler, ils changent de mode et tirent plus lentement mais plus fort. L’intensité est réglable, ainsi que le temps programmé avant le changement de phase (en général 2 minutes).
⚬ Il existe différentes tailles de téterelle et pour que le recueil soit optimal il va falloir veiller à ce que cette taille soit adaptée à la taille et à la forme du mamelon.
C'est l'utilisation que l'on compte en faire qui détermine le choix du tire-lait : est-ce qu’il devra être régulièrement transporté pour un recueil à l’extérieur du domicile (au travail par exemple) ? Est-ce que son utilisation doit être discrète ou est-ce que le bruit est une caractéristique plus secondaire (la nuit par exemple).
Le coût et le mode d’alimentation (pile, batterie, ou filaire) sont à prendre en compte
La location d’un tire-lait peut être prescrite par un médecin ou une sage-femme. Le forfait de location hebdomadaire est de 7.50 euros et aucun loueur ne peut pratiquer de dépassement du tarif. La prise en charge est à 100% le 1er mois par l’assurance maladie puis 65% avec le reste pris en charge par la grande majorité des mutuelles. Par contre il faut acheter les téterelles et les kits de pompage (avec des petites valves et les tubulures pour relier la téterelle et le tire-lait).
En pratique pour calibrer son tire-lait, on s’installe le plus confortablement possible, et on commence par régler la force du tirage (= l’intensité), en augmentant cette force jusqu’à ressentir une petite douleur, quand elle est perçue elle correspond au seuil maximal à ne pas atteindre, on redescend alors l’intensité d’un cran, cela va indiquer au tire-lait la force de tirage à appliquer.
Quand le lait commence à couler, en cas de tire-lait biphasique, il faut l’indiquer à l’appareil pour qu’il change de phase. Ensuite, après un certain temps, il changera automatiquement.
La quantité de lait recueillie va être maximale très rapidement au début de l’extraction, en effet, physiologiquement ce sont les deux premières éjections qui donnent le plus de lait, en général on conseille de tirer son lait sur des sessions de 15-20 minutes.
Si une mère souhaite augmenter sa production de lait, elle aura intérêt à tirer plus longtemps, ou à compléter les tétées par un tirage sur chaque sein.
La fréquence dépend de l’usage souhaité : en cas de séparation avec le bébé on recommande de prévoir un tirage pour 6h d’absence (Cf. Retour au travail), pour un tire-allaitement il faut recueillir son lait entre 7 et 10 fois par jour en fonction des besoins du bébé (pour un volume moyen de 800 mL/j), en essayant toujours d’éviter la sensation de trop-plein dans les seins.
Il existe des manières d’améliorer le rendement au tire-lait, c’est la méthode Jane Morton :
⚬ L’application de chaud, via des packs, des bouillottes ou des langes réchauffés permet d’arriver plus rapidement au volume de lait maximal, on peut les utiliser, en même temps que les massages, au début de la session, mais en faisant attention à ne pas se brûler.
⚬ Les mécanismes hormonaux impliqués dans la production et l’éjection du lait sont en partie stimulés par la proximité du bébé, en cas de séparation, ils se trouvent perturbés : on peut alors s’aider de photographies ou de vidéos de son bébé, ou même faire des appels en visio avec bébé.
⚬ L’utilisation de cassettes d’allaitement, ou des musiques écoutées fréquemment pendant les tétées puis pendant les séances de tirage, peuvent aussi faciliter les choses.
⚬ Recueillir son lait apporte certains avantages, comme la possibilité de conserver le lait pour faire des réserves, voire faire des dons en lactarium.
Une hygiène soigneuse est nécessaire, surtout en cas d’utilisation de tire-lait. Il faut se laver soigneusement les mains avant le recueil du lait, bien laver les pièces du matériel et les biberons, ainsi que veiller au respect de la chaine du froid, comme pour tout produit alimentaire. Il n’est pas nécessaire par contre de nettoyer ou de désinfecter les seins et les mamelons au préalable, au contraire, cela pourrait induire des lésions, et augmenter le risque de complications (Cf. Douleurs et crevasses).
Le lait doit être recueilli et stocké dans les bonnes conditions pour éviter une contamination bactérienne
⚬ La stérilisation du matériel est inutile, par contre, on recommande de mettre le matériel de tirage et les biberons immédiatement à tremper dans l’eau froide après utilisation, puis de nettoyer à l’eau chaude et au liquide vaisselle (programmes à 65° pour les lave-vaisselles).
⚬ Pour conserver le lait, c’est la règle des 4 : le lait peut rester 4h à température ambiante, 48h au frigo, 4 mois au congélateur, et 24h après décongélation. Attention ces durées ne sont pas cumulables, on ne peut pas congeler le lait pendant 4 mois après l’avoir laissé pendant 4 jours au réfrigérateur.
⚬ Le récipient pour conserver le lait est laissé au choix : le verre prend beaucoup de place et est délicat à transporter mais c’est un composé neutre qui ne libère pas de toxine ni de perturbateur endocrinien, les sachets en plastiques sont des produits spécialisés (pas des sacs à congeler classiques) qui sont encadrés pour éviter l’usage de certains composants toxiques, en particulier le bisphénol, ils sont plus pratiques mais nettement moins écologiques.
⚬ Pour réchauffer le lait on préfère la méthode douce en le laissant à température ambiante. Pour la décongélation on suit le même principe mais il est possible de le réchauffer plus rapidement au bain-marie.
⚬ Dans tous les cas on évite le micro-onde qui altère certains composants du lait maternel et qui en plus est associé à un risque augmenté de brulures !